Bleu du ciel terni par les incendies du Canada : un phénomène désormais récurrent ?
A ne pas confondre avec les nuages élevés...
Depuis quelques semaines, les incendies se multiplient de nouveau au Canada.
Et l’immense panache de fumée de ces incendies traverse régulièrement l’Atlantique pour survoler l’Europe occidentale.
C’est notamment le cas durant ce week-end de l'Ascension, atténuant considérablement l’éclat du soleil et ternissant le bleu du ciel.
Panache de fumées des incendies canadiens, propulsé par un puissant courant d'altitude jusque sur l'Europe occidentale - dimanche 8 juin 2025 - source : carte Copernicus de concentration des aérosols.
Si vous n’avez pas l’habitude d’observer ce type de phénomène, il ne faut pas le confondre avec des nuages élevés de type cirrus ou cirrostratus.
Le Panage de fumée circule en effet à une altitude d’environ 9000 m (alors que les nuages de ce dimanche étaient plutôt situés entre 1500 et 3000 m).
S'il n'y avait pas ce panache, la couleur du ciel de cette fin d’après-midi de dimanche aurait parfaitement bleue !
En France, ce phénomène n’a pas réellement d’effet sur le niveau de la pollution de l’air, car cette fumée circule à des altitude très élevées.
Image satellite visible du 8 juin 2025 à 7h - source https://www.meteo-villes.com/france/suivi-nuages
Image transmise par l'une de nos webcams parisiennes, le 8 juin 2025 - source : meteo-paris.com
Une situation qui ressemble à celle de la fin du mois d'août 2024...
L'année dernier, la situation météo ressemblait un peu à celle de ces jours-ci : un courant océanique s'était établit entre le Canada et le Nord-ouest de l'Europe, propulsant les panaches de fumées des incendies canadiens vers nos régions.
Animation des aérosols entre l'Amérique du Nord, l'Atlantique et l'Europe du 18 au 23 août 2024 - ECMWF
En prenant un peu de recul, on peut distinguer le chemin parcouru par ces fumées de l'Amérique du Nord vers l'Europe, ce qui représente tout de même plusieurs milliers de kilomètres. Une situation comparable à ce que nous connaissons actuellement...
Image satellite du 18 août 2024 sur l'hémisphère Nord – NASA WorldView
Ainsi, on pouvait observer des cieux similaires du côté du Canada et de la France (souvent laiteux et chargés de fumées).
Comparaison entre le ciel de Montréal le 16 août dernier et le ciel de La Rochelle ce 19 août – Via Skaping
Ces fumées avaient également engendré des couleurs assez particulières au lever du soleil, notamment dans l'Ouest du pays où les concentrations étaient les plus importantes dans l'atmosphère.
Lever du soleil et fumées des incendies du Canada à Locmiquélic (56), le 19 août 2024 – via Skaping
Un phénomène de plus en plus récurrent ?
Si les incendies des forêts boréales (Canada et Sibérie) sont fréquents en saison chaude, leur ampleur a véritablement explosé ces dernière années. L'année de référence reste 2023, mais l'activité de cette année 2025 est au dessus de 2024 !
Évolution de la superficie des incendies au Canada du 1er mai au 30 septembre depuis 2012
Après les nombreux incendies des années 80 et 90, l'année 2023 observe une explosion de la superficie brulée par les incendies au Canada...
Avec le réchauffement climatique qui favorise les sécheresses et les canicules intenses jusqu'à ces latitudes septentrionales, ainsi que la pression démographique, les incendies sont de plus en plus importants. Et ces incendies rejettent d'énormes quantités de fumées dans l'atmosphère, réduisant la qualité de l'air (comme ce fut le cas ici, en août 2024, sur une large partie de l'Amérique du Nord).
Nombreux incendies et importantes quantités de fumée sur l'Ouest du Canada le 13 août 2024 – NOAA
A terme, nos étés pourraient donc être de plus en plus soumis à ces fumées, ternissant durablement le ciel et pouvant à terme, réduisant la qualité de l'air jusqu'en Europe. Il est même possible que l'éclat des rayons du soleil soit atténué durant toute la saison chaude sur l’ensemble de l'hémisphère Nord !
On se rappelle également des épisodes successifs de 2023 (la pire année au Canada) avec des concentrations parfois très importantes de fumées dans l'atmosphère. A Montréal, durant certaines journées de l'été, le ciel est même devenu très sombre et entièrement jaune avec une pollution atmosphère extrême rendant le port du masque nécessaire.
Image satellite montrant les fumées sur l'Atlantique ce lundi 26 juin 2023 - via Météo France