Vérifions le dicton "Noël au balcon, Pâques au tison"
jeudi 29 mars 2018
Noël au balcon, Pâques au tison. Ce dicton appartient indubitablement à la catégorie des superstitions pures et simples appliquées aux deux repères principaux de l’église chrétienne. Ce dicton, très connu, tend à affirmer que si le jour de Noël est doux, celui de Pâques suivant sera froid… Cette affirmation entre en contradiction totale avec les connaissances que nous avons
aujourd’hui de la dynamique atmosphérique. On sait en effet que l’atmosphère est un milieu chaotique. Prétendre qu’une liaison statistique existe entre deux jours distants de plus de trois mois relève de la pure fantaisie ! Là encore, qu’en est-il réellement, que disent les statistiques à ce sujet ? Évidemment, le climat n’étant finalement qu’une succession de périodes douces et de périodes plus fraîches, il est tentant d’affirmer que la concordance Noël doux, Pâques froid se produit statistiquement 1 année sur 4 ! Cette concordance aurait-t-elle lieu plus souvent ?
Le graphique ci-dessus met en relation la température moyenne mesurée à Besançon le 25 décembre de 1960 à 2003 avec celle du jour de Pâques qui a suivi. Précisons que le jour de Pâques varie chaque année. La religion catholique le définit comme le dimanche suivant la première pleine lune du printemps qui arrive après l’équinoxe de printemps. Il peut ainsi y avoir, selon
les années, plus d’un mois d’écart entre la première et la dernière date possible. Un biais peut être introduit par cet écart : un Pâques précoce sera statistiquement plus froid qu’un Pâques tardif d’environ 3°C. Mais le dicton ne prend pas cela en considération puisqu’il oppose un Noël chaud à un Pâques froid, quelle que soit la date de ce dernier. Force est de constater qu’il n’y a aucune corrélation entre un jour de Noël doux et un Pâques froid. Les années où l’adage se vérifie sont d’ailleurs assez peu nombreuses : 1974/1975, 1977/1978, 1980/1981, 1985/1986, 1987/1988, 1989/1990, 1997/1998 et enfin 2000/2001. Sur la période 1960-2004, le « phénomène » ne s’est donc produit qu’une fois tous les cinq ans et demi ! Même pas l’occurrence d’une
année sur quatre à laquelle on était en droit de s’attendre selon cette étude réalisée par François Scherrer (Météo-France) et Daniel Joly (ThéMA, CNRS-UMR 6049, Université de Franche-Comté) et publiée par la revue "Images de Franche-Comté".
Une autre étude menée par Michel Gagnard à partir des relevés de la station météo de Lyon-Bron entre 1920 et 2004 mène également à une conclusion pleine d'humour mais limpide (>>).
D’autres dictons permettent des prévisions empiriques fondées sur le comportement des nuages, des animaux et des plantes. Ils contiennent certains éléments de vérité car les animaux se comportent en partie selon le temps qu’il fait, parfois annonciateur du temps qu’il fera. Mais ces dictons, comme beaucoup d’autres, ont souvent été pris en défaut et ne sont pas, loin s’en faut, à considérer comme vérités scientifiques. Plutôt que de les rejeter, gardons les simplement en mémoire pour la puissance poétique qu’ils offrent parfois.
Ainsi, pour mieux appréhender la météo de Pâques 2018, reste notre bulletin national (>>) mis à jour quotidiennement.
Nos prévisions pour dimanche et lundi de Pâques 2018 - Météo Villes