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Réchauffement climatique : du tout et du n'importe quoi

mardi 7 mai 2024

Avec la séquence fraîche et humide entre la mi-avril et le début du mois de mai 2024, certains en ont profité pour remettre en cause le réchauffement climatique. Il est important de remettre l'église au centre du village.

 

Nombreux commentaires climato-sceptiques

Entre la mi-avril et le début de ce mois de mai 2024, les conditions météorologiques souvent très fraîches et humides ont réveillé les climato-sceptiques. Nous avons reçu des commentaires ironisant sur le réchauffement climatique sous de nombreuses publications évoquant la fraîcheur, la pluie ou la neige en montagne. Certains commentaires sont simplement moqueurs quand d'autres sont plus virulents. Dans les faits, nous sommes habitués à lire ces réactions dès que les températures passent en dessous des normales de saison.

De nombreux commentaires ironisent sur le réchauffement climatique - compte X Météo Villes

 

 

Juger l'évolution du climat à courte échéance

La première erreur que commettent ceux qui remettent en cause le réchauffement climatique est de juger le climat sur une courte échéance. En effet, l'évolution du climat ne se juge qu'au travers de longues périodes, a minima sur plusieurs années mais surtout sur plusieurs décennies. Même avec un climat qui se réchauffe, rien n'empêche de vivre des séquences très fraîches comme ce fut le cas entre la mi-avril et le début du mois de mai 2024. Il suffit de prendre un peu de recul pour se rendre compte que les anomalies fraîches sont largement minoritaires comparativement aux anomalies chaudes. Rien qu'en 2024, les températures ont été bien plus souvent au dessus de la norme comme en témoigne le graphique ci-dessous... Quelques jours de fraîcheur ne sont pas une tendance de fond.

Indicateur thermique national par rapport à la normale en 2024 - via infoclimat.fr

 

 

Se focaliser sur une seule région

Si l'évolution du climat ne se juge pas sur une courte échéance, elle ne se juge pas non plus en ne se focalisant que sur une région en particulier. Or, c'est une erreur que commettent souvent les climato-sceptiques. L'année 2023 en est un très bon exemple puisqu'elle fut fraîche entre l'Islande et la Scandinavie où certaines régions ont même connu un léger déficit thermique. Islandais ou Norvégiens pourraient donc être tentés de remettre en cause le réchauffement climatique. Pourtant, lorsque l'on considère l'ensemble de l'Europe, on constate une vaste anomalie chaude qui a d'ailleurs concerné une grande partie du globe puisque 2023 fut l'année la plus chaude sur Terre ! Là aussi, une anomalie fraîche locale n'est pas un constat général.

Écart à la normale des températures en seconde quinzaine d'avril 2024 - via JMA

 

 

Ne pas considérer l'intensité des anomalies

Dans un climat qui se réchauffe, nous sommes devenus de plus en plus exigeants vis à vis des conditions météorologiques, notamment au printemps lorsque nous aspirons à sortir. Ainsi, la moindre anomalie fraîche est particulièrement mal perçue, même si elle n'est pas exceptionnelle. C'est un fait : les records de froid sont infiniment plus rares que les records de chaleur. D'ailleurs, la deuxième quinzaine d'avril 2024 fut un bon exemple de cette différence d'intensité entre les anomalies. Concerné par une météo très fraîche, l'ouest de l'Europe a enregistré un déficit thermique de 2 à 4°C "seulement" tandis que l'est du continent et l'ouest de la Russie battaient records sur records avec des valeurs 6 à 10°C supérieures aux normales sur 15 jours ! L'anomalie fraîche fut assez banale lorsque l'anomalie chaude fut exceptionnelle.

Écart à la normale des températures en seconde quinzaine d'avril 2024 - via JMA

 

 

Une mauvaise compréhension de notre climat

Pour beaucoup, qui dit printemps dit soleil et températures douces. Or, cette perception très réductrice de ce qu'est la saison printanière en France est fausse. Sous notre climat tempéré, le printemps a toujours été une saison de transition et de contrastes thermiques. En cette saison, il est normal d'assister à une alternance de périodes de douceur et de coups de fraîcheur (voire de froid). De plus, le réchauffement climatique nous rend de plus en plus exigeant. À force de vivre des périodes estivales précoces durant la saison printanière, les amateurs de temps chaud finissent par croire qu'elles sont la norme, accueillant avec beaucoup de négativité les séquences fraîches survenant à cette période de l'année.

Une météo fraîche et humide au printemps engendre d'importantes frustrations - image d'illustration

 

 

Le rôle des médias qui mélangent tout

Il faut admettre que les médias peuvent participer - malgré eux - à une forme de défiance vis à vis du réchauffement climatique. En effet, il n'est pas rare de les voir attribuer n'importe quel phénomène météo au réchauffement, même lorsqu'il n'y a aucun lien établi. Au printemps dernier, on pouvait lire qu'une avalanche meurtrière dans les Alpes avait été provoquée par le réchauffement, alors que ce phénomène a toujours fait partie des aléas climatiques du printemps. C'est aussi régulièrement le cas avec les tempêtes et les orages, que l'on dit de plus en plus nombreux. Or, aucune étude climatologique n'a pour l'instant permis de démontrer que la fréquence de ces phénomènes augmente avec le réchauffement climatique. S'il est important d'alerter sur le réchauffement, il faut aussi veiller à rester factuel et ne pas exagérer afin d'éviter d'alimenter la défiance.

Une météo fraîche et humide au printemps engendre d'importantes frustrations - image d'illustration

 

 

Non, il ne faisait pas plus chaud lors de l'optimum médiéval

C'est un argument climato-sceptique qui revient souvent : il aurait fait plus chaud lors de l'optimum médiéval entre l'an 900 et l'an 1300 après Jésus Christ. Sauf que les plus récentes études montrent le contraire. Comme l'illustre le graphique ci-dessous, les températures enregistrées lors de l'optimum médiéval étaient - au mieux - légèrement au dessus des normales de la période 1961-1990. Cela veut donc dire que lors des décennies les plus chaudes du Moyen-Âge, les températures étaient semblables à celles observées dans les années 1990. Or, la température mondiale a considérablement augmenté depuis le début du XXIème siècle. Depuis une vingtaine d'années, nous sommes désormais bien au dessus de l'optimum médiéval et la différence s'accroît à grande vitesse.

Reconstitution des températures de l'hémisphère nord depuis l'an 700 après Jésus Christ - via GIEC

 

 

S'ils se servent de l'optimum médiéval pour nier le réchauffement climatique ou affirmer qu'il n'a aucune origine humaine, les climato-sceptiques oublient de se pencher sur les échelles. En effet, il suffit de regarder la vitesse inédite avec laquelle la température mondiale grimpe ces dernières décennies pour comprendre le rôle de l'activité humaine sur l'évolution du climat. Le réchauffement de l'optimum médiéval fut nettement moins fort mais également beaucoup plus lent, s'étalant sur plusieurs siècles. La rapidité à laquelle augmente la température mondiale est la différence majeure entre un cycle naturel et un dérèglement d'origine anthropique.

Évolution de la température de l'hémisphère nord depuis 2000 ans - via Olivier Berruyer / www.les-crises.fr

 

 

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