Canicule : l'effet très néfaste de l'îlot de chaleur urbain à Paris
En cette période de canicule, l'urbanisation parisienne joue un rôle majeur dans la rétention de chaleur durant la nuit. Les températures sont parfois 10°C plus hautes dans le centre de la capitale que dans les espaces verts en périphérie !
Nuit très éprouvante dans le centre de Paris
Si vous êtes parisien, vous avez probablement mal dormi la nuit dernière. La nuit fut chaude dans la capitale. À minuit, on relevait encore plus de 31°C à notre station de Saint-Germain-des-Prés, située dans le centre de Paris ! La température a eu beaucoup de mal à baisser et s'abaissera autour des 27°C au petit matin, sans un brin de fraîcheur pour espérer rafraîchir les appartements surchauffés.
31,4°C à minuit à Saint-Germain-des-Prés dans le centre de Paris ce mardi 1er juillet 2025 - Météo Paris
Pour la plupart des parisiens, la nuit fut pénible. Toutes les zones urbanisées - qui représentent l'immense majorité du territoire parisien - n'ont pas connu de fraîcheur. Il n'a pas fait moins de 26,9°C à notre station de Saint-Germain-des-Prés et même 27,2°C à la station de l'hôpital de Lariboisière (10ème arrondissement) ! En revanche, on respirait bien mieux dans les parcs. La station installée dans le Parc Montsouris a mesuré 22,6°C en fin de nuit. Référence pour la capitale, elle n'est pourtant pas représentative du ressenti des parisiens, car personne n'habite dans un parc... Au jardin du Luxembourg, il a fait 21,1°C et le mercure a même chuté à 17,9°C sur l'hippodrome de Longchamp, en bordure du bois de Boulogne. Un écart de 9,3°C avec Lariboisière !
Températures minimales mesurées dans les différents endroits de Paris ce mardi 1er juillet 2025 - Météo Villes via Google Maps
Les grandes villes gardent la chaleur la nuit
Nous ne vivons pas tous la canicule de la même façon. En campagne, les températures descendent davantage la nuit grâce aux espaces verts ou aux plans d'eau, qui rejettent de la fraîcheur. À l'inverse, la température peine à descendre dans les villes. Les revêtements des sols et les bâtiments retiennent la chaleur le jour et la restituent la nuit (béton, brique ou pierre sont doués pour capter la chaleur). De plus, le manque de végétalisation ou d’eau ne permet pas de rejet de fraîcheur. Par ailleurs, les hauts immeubles freinent la circulation de l'air et donc le rafraîchissement. Tous ces facteurs cumulés rendent les nuits de canicule éprouvantes en zone fortement urbanisée.
Schéma montrant le mécanisme de l'îlot de chaleur urbain - Météo France
Toutes les grandes françaises subissent les effets de l'îlot de chaleur urbain, qui rend les nuits estivales plus pénibles qu'en campagne. Cependant, certaines subissent des effets plus importants. Les plus touchées sont Lille et Clermont-Ferrand, où les effets de l'îlot de chaleur urbain rajoutent en moyenne 5°C aux températures nocturnes par rapport aux communes rurales. Grenoble arrive à la deuxième place avec une différence moyenne de +5,5°C. Enfin - et sans surprise - Paris est la plus touchée avec une hausse moyenne de +6,5°C par rapport à la banlieue !
Villes les plus touchées par l'îlot de chaleur urbain en France - Météo France
Le rôle clé de l'urbanisation et de la nature
Comme nous venons de l'expliquer, plus un espace est urbanisé et plus il emmagasine la chaleur le jour pour la restituer la nuit. On peut donc noter des différences de températures spectaculaires en fonction de l'urbanisation. En voyant les photos de la station de l'hôpital de Lariboisière - dans le 10ème arrondissement de la capitale - on comprend pourquoi il n'a pas fait moins de 27,2°C la nuit dernière ! La station est située entre les bâtiments, dont le béton restitue la chaleur qu'il a stocké durant la journée. Cela empêche toute baisse efficace de la température.
Station météo de l'hôpital de Lariboisière (10e arrondissement) à Paris - Météo France
Il suffit parfois de parcourir quelques rues pour perdre plusieurs degrés. Ainsi, la station installée dans le parc Montsouris dans le 14ème arrondissement - a mesuré une température minimale de 22,6°C ce mardi 1er juillet 2025, soit 4,6°C de moins qu'à Lariboisière. Évidemment, cette station se trouve dans un environnement végétalisé. Les pelouses et arbres du parc Montsouris n'emmagasinent pas la chaleur le jour et dégagent de la fraîcheur la nuit. Précisons de nouveau que cette station - qui sert de référence pour Paris - n'est pas vraiment représentative de ce que vivent les parisiens dans leurs immeubles.
Station météo du parc Montsouris (14e arrondissement) à Paris - Météo France
Située sur le territoire de la ville de Paris, la station de l'hippodrome de Longchamp a mesuré une minimale de 17,9°C ce mardi 1er juillet 2025, plus de 9°C de moins qu'à Lariboisière ! Et pour cause, l'environnement est radicalement différent. La station est implantée sur une vaste étendue d'herbe et l'hippodrome se situe à mi-chemin entre le bois de Boulogne et la Seine. Cet environnement très naturel entre arbres et fleuve ne retient aucunement la chaleur et rafraîchit efficacement l'air durant les nuits.
Station météo de l'hippodrome de Longchamp (16e arrondissement) à Paris - Météo France