Faut-il s'inquiéter des fumées des incendies des forêts boréales ?
Depuis plusieurs jours, le ciel de France est anormalement pâle. La faute à la présence de fumées en provenance des incendies du Canada qui ont traversé l'Atlantique. Faut-il s'en inquiéter ?
Les fumées recouvrent tout le pays
Cela fait plusieurs jours que le bleu du ciel n'est plus si bleu... Comme nous l'expliquions dans notre article du week-end >>>, d'importantes quantités de fumées en provenance des incendies nord-américains ont traversé l'Atlantique et survolent une partie de l'Europe, dont la France. Le flux mou des derniers jours favorise leur stagnation. L'image satellite de ce matin du 10 juin 2025 est éloquente avec des concentrations de fumée importantes.
Image satellite montrant les fumées au dessus de la France ce matin du mardi 10 juin 2025 - EUMETSAT
Toutes les régions françaises observent ce ciel quelque peu étrange, pâli par des fumées qui circulent à haute altitude et qui stagnent jour après jour. Durant l'après-midi, le ciel apparaît souvent blanchâtre puis jauni aux premières et dernières heures de la journée, offrant des couchers de soleil particuliers. Faut-il s'inquiéter de la présence de ces fumées ?
Ciel teinté par les fumées des incendies du Canada à Viriat (01) le soir du lundi 9 juin 2025 - via infoclimat.fr
Y-a-t-il un risque pour la santé ?
S'il a d'abord été annoncé que ces fumées circulaient en haute altitude - autour de 9000 mètres - elles ont été observées bien plus bas ces derniers jours. On peut les observer à l'étage moyen. Ici, un avion qui volait à 3700 mètres d'altitude au dessus de la Bretagne surpassait la couche de fumée ce dimanche 8 juin 2025, preuve qu'elle circule à relativement basse altitude.
Fumées dans l'atmosphère au dessus de Vannes (56) ce dimanche 8 juin 2025 - photo Benjamin Ballande
Autre preuve que ces fumées circulent à relativement basse altitude, elles ne concernent pas les sommets où le ciel est d'un bleu nettement plus franc. D'ailleurs, l'image satellite de ce matin du mardi 10 juin 2025 l'illustre parfaitement au dessus des Alpes. On voit que le massif alpin apparaît bien plus net et on peut même distinguer que la fumée suit certaines vallées suisses, savoyardes ou iséroises.
Fumées épargnant les sommets des Alpes ce matin du mardi 10 juin 2025 - EUMETSAT
Pour autant, cette fumée se trouve principalement entre 1000 et 3000 mètres d'altitude ces derniers jours. Au niveau du sol, la qualité de l'air reste correcte - comme le montre la carte ci-dessous. On peut aussi noter que si le ciel est pâli, la visibilité au sol reste bonne, ce qui montre que les fumées nous surplombent. Cependant, il est probable qu'une petite partie de ces polluants atteigne le sol.
Concentrations en particules fines de pollution ce mardi 10 juin 2025 - Prev'Air
Des causes qui doivent inquiéter
Même s'il n'y a pas de conséquence directe pour la santé en France car ces fumées ne circulent pas au sol, les causes doivent nous interpeller. En effet, la saison des incendies a débuté tambour battant au Canada. En ce début juin, plus de 2,7 millions d'hectares de forêt ont déjà été détruits dans le pays ! Un chiffre largement au dessus de la moyenne et qui arrive au second rang des pires années, juste derrière la catastrophique année 2023 où plus de 4 millions d'hectares avaient déjà brûlés à la même date.
Superficie brûlée par les incendies au Canada, de 2012 à 2025 (en rouge) - radio-canada.ca
Dans le district fédéral extrême-oriental de la Russie, des incendies particulièrement virulents se produisent depuis début avril 2025. Les zones les plus touchées se situent à l'est du lac Baïkal. Selon de récentes estimations, ces feux de forêt ont engendré des émissions d'environ 35 mégatonnes de carbone ! Les incendies majeurs des régions boréales constituent un problème majeur car ils rejettent des quantités majeures de gaz à effet de serre et contribuent au cercle vicieux du réchauffement climatique : plus d'incendies => plus de rejets de CO2 => augmentation de la température => plus d'incendies.
Vastes surfaces brûlées dans l'est de la Sibérie (Russie) en mai 2025 - via CNN