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La végétation saura-t-elle s’adapter aux canicules et sécheresses encore plus intenses à venir ?

jeudi 14 septembre 2023

Outre leur impact sur l'homme, les sécheresse et canicules de plus en plus nombreuses font également souffrir les écosystèmes qui devraient subir des transformations importantes à l'avenir.

 

Des conséquences pour l'agriculture

L'agriculture s'est toujours adaptée aux aléas climatiques et continuera de le faire. Lorsque les températures sont plus chaudes que la moyenne, les végétaux poussent plus vite et la date des récoltes est de plus en plus précoce. C'est par exemple le cas des vignes. Le graphique ci-dessous montre qu'entre les années 1980 et les années 2010, la date moyenne des vendanges en France est passée du 28 au 11 septembre, soit une avance de 18 jours ! Dans les faits, il n'y a pas forcément de conséquences néfastes sur le rendement, sous réserve qu'il n'y ait pas d'épisode météorologique exceptionnel. Or, c'est ce dernier point qui fâche.

Date moyenne des vendanges en France entre 1974 et 2023 - graphique ONB

 

 

S'il est possible de s'adapter à un changement climatique sur la durée, certains épisodes intenses peuvent mettre à mal l'agriculture. Les épisodes de temps anormalement sec et chaud - de plus en plus nombreux, précoces et intenses - ont des conséquences directes sur le rendement de certains productions. Par exemple, la vague de chaleur exceptionnellement précoce survenue en Espagne en avril dernier a engendré d'énormes pertes chez les oliviers. Il avait fait 38,8°C à Cordoue le 27 avril ! Or, les arbres fleurissent seulement à cette époque de l'année. Contrairement au fruit, la fleur ne peut supporter de telles chaleurs et finit par tomber. Dans un climat de plus en plus chaud, la production d'olives risque donc d'être de plus en plus difficile en Espagne...

Températures maximales en Espagne et au Portugal ce jeudi 27 avril 2023 - carte AEMet

 

Plusieurs productions Françaises risquent d'être mises à mal lors des prochaines décennies. C'est par exemple le cas de la betterave, des pommiers ou des choux-fleurs, qui supportent mal la chaleur précoce. Outre les oliviers, les figuiers peuvent aussi être affectés par les chaleurs caniculaires. Bien que méditerranéennes, ces espèces supportent mal les valeurs dépassant les 40°C.

 

 

Les écosystèmes vont radicalement changer

Avec l'augmentation des sécheresses et des vagues de chaleur, les paysages français vont se métamorphoser au cours des prochaines décennies. En effet, certaines espèces ne seront plus adaptées au nouveau climat et vont peu à peu mourir. C'est par exemple le cas du hêtre vert, un arbre très largement répandu en France mais qui n'apprécie pas les climats trop chauds et secs. Selon les modélisations, il devrait quasiment disparaître de France d'ici à la fin du siècle, reculant essentiellement vers les zones montagneuses et les frontières du nord-est. Cet arbre s'implanterait alors en Europe du Nord, où il n'est pas encore présent.

Zones d'implantation du hêtre vert entre le début et la fin du XXIème siècle - cartes Carbofor via @SergeZaka

 

 

La disparition de certaines espèces végétales permettra l'implantation de nouvelles espèces. Ainsi, le chêne vert - qui est une espèce typique de Méditerranée - devrait coloniser les deux tiers de la France d'ici à la fin du siècle, devenant répandu jusque dans le sud de la Bretagne. On pourrait également ajouter que le pin maritime - typique du climat aquitain - devrait gagner le nord de la France et pourra s'implanter à Paris ou encore le long des côtes de la Manche, et ce d'ici seulement quelques décennies...

Zones d'implantation du chêne vert entre le début et la fin du XXIème siècle - cartes Carbofor via @SergeZaka

 

En plus de redéfinir les paysages français, ces modifications des espèces végétales auront également des conséquences sur les espèces animales. Certaines migreront vers le nord, comme le moustique tigre qui est déjà en train de coloniser la France. Ce sont des éco-systèmes entiers qui seront amenés à évoluer au cours des prochaines décennies.

 

 

Un changement trop rapide pour l'adaptation ?

Si les écosystèmes vont évoluer dans les prochaines décennies, il existe cependant des inconnues quant à la faculté de ces derniers à s'adapter à un changement climatique de plus en plus rapide. L'adaptation s'annonce plus périlleuse car elle va devoir s'effectuer sur des échelles bien plus faibles que par le passé. Les épisodes de sécheresse et de canicule affaiblissent les arbres, qui perdent leurs feuilles pour se protéger. Si cela se reproduit trop fréquemment, l'arbre finit par mourir. Selon l'agro-climatologue Serge Zaka, l'homme sera capable de replanter d'ici au milieu du siècle mais un réchauffement climatique de plus en plus rapide pourrait conduire à de réels problèmes d'adaptation après 2050.

Arbres grillés dans le Vercors début août 2022 - webcam skaping

 

 

Au delà de l'augmentation globale de la température, il y a également des incertitudes sur la capacité de certains espèces à résister à des pics de chaleur toujours plus précoces, durables et intenses. Si une canicule d'ampleur inédite avec des températures de 45 à 50°C venait à se produire dans les prochaines années ou décennies, les conséquences pourraient être dramatiques car des cultures entières et des milliers d'arbres pourraient mourir en quelques jours seulement. Nous avons déjà eu un aperçu concret de cette menace lors de l'été 2019. Le 28 juin, il avait fait 46°C dans l'Hérault avec un vent à 40 km/h et à peine 10% d'humidité. Ce véritable "effet sèche-cheveux" avait grillé sur place des vignes entières, causant des pertes notables en quelques heures...

Vignes littéralement "grillées" par la chaleur sur l'arrière-pays méditerranéen - photo Chai d'Emilien

 

Si les modèles climatiques parviennent à simuler l'augmentation progressive des températures, il est en revanche bien plus difficile de modéliser l'intensité des pics de chaleur du futur. Or, nous venons de voir que des pics très intenses peuvent avoir des conséquences dramatiques, même lorsqu'ils sont peu durables... Nous remercions l'agro-climatologue Serge Zaka pour sa participation à cet article et nous vous recommandons de vous abonner à son compte X (@SergeZaka).

 

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