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Une crue de la Seine similaire à celle de 1910 est-elle encore possible ?

mardi 19 décembre 2023

Une crue exceptionnelle de la Seine suite aux fortes pluies successives

La France connaît un temps exceptionnellement perturbé entre les mois de décembre 1909 et janvier 1910. Des perturbations très actives se succèdent en effet sur le pays, apportant des précipitations très récurrentes et surtout fortes sur de nombreuses régions, notamment sur l'Est et le Nord.

Durant le mois de décembre, le bassin versant de la Seine, s'étendant de l'Est de l'Île-de-France au Morvan, reçoit des cumuls souvent supérieurs à 100 voire 150mm, parfois plus de 200mm près des reliefs de l'Est de la région. On relève par exemple sur la période 139mm à Sourdun, 152mm à Chablis ou encore 155mm à Baigneux-les-Juifs.

Cumuls de précipitations durant le mois de décembre 1909 sur le bassin versant de la Seine – Météo-France

 

Les cours d'eau de la région réagissent donc déjà assez fortement en début d'année 1910, certains sortant même de leur lit, toutefois, ces inondations restent relativement peu marquées pour le moment.

Ce temps très perturbé persiste toutefois durant le mois de janvier 1910, la France restant sous l'influence d'un rail dépressionnaire très actif apportant une succession de front particulièrement pluvieux durant tout le mois. Deux périodes se montrent particulièrement humides, celle allant du 11 au 20 janvier mais également les 24 et 25 janvier avec des cumuls devenant véritablement exceptionnels sur une partie du Nord de la France, dont le bassin versant de la Seine.

Situation du 19 janvier 1910 sur l'Europe – Wetterzentrale

 

Entre le 17 et le 20 janvier, on relève parfois plus de 100 voire 150mm supplémentaires sur les secteurs cités précédemment et même 144mm sur la seule journée du 18 du côté de Mouthe dans le Jura, un cumul exceptionnel en cette saison.

Cumuls de précipitations du 17 au 20 janvier 1910 sur le bassin versant de la Seine – Météo-France

 

Après un nouvel épisode pluvieux notable les 24 et 25 janvier, les cumuls deviennent véritablement impressionnants sur le bassin versant de la Seine à la fin du mois, dépassant les 200mm sur l'Est de la région avec par exemple 210mm à Bar-sur-Seine ou 228mm à Baigneux-les-Juifs.

Cumuls de précipitations en janvier 1910 sur le bassin versant de la Seine – Météo-France

 

Sur 2 mois glissants, les cumuls dépassent donc parfois les 350 voire 400mm sur ces secteurs, des valeurs particulièrement élevées pour la période et situées proches des records. En conséquence, de nombreux cours d'eau du Nord de la France entrent en crue, comme par exemple le Doubs qui connaît une crue centennale à Besançon ou encore le Rhin et ses affluents qui observent des niveaux d'eau particulièrement élevés.

 

La Seine connaît également une crue majeure, accentuée par celles de l'Yonne, du Loing et du Grand Morin dont les eaux convergent vers le fleuve principal et Paris. Ainsi, même si les cumuls ont été sensiblement moins importants du côté de Paris durant cette période, les inondations se montrent tout de même catastrophiques.

Fin janvier 1910, le Pont de l'Alma baigne dans les eaux de la Seine - via pariszigzag

 

Dès le 20 janvier 1910, la navigation sur la Seine est stoppée à Paris car il n'y a plus assez de place sous les ponts. Le 23 janvier, le niveau de la Seine atteint les quais et les premières inondations touchent la capitale. Le niveau des eaux continue de monter fortement les jours suivants pour atteindre 8m62 au pont d'Austerlitz le 28 janvier, soit la crue la plus importante depuis celle du 27 février 1658 (8m81).

Cartographie des zones inondées (secteurs hachurés) à Paris fin janvier 1910 - via wikipedia


Rapidement, tous les quartiers bordant la Seine se retrouvent inondés. Des centaines de rues sont sous les eaux et plus de 20.000 immeubles parisiens sont touchés. La décrue sera par la suite très lente et prendra 2 à 3 semaines selon les quartiers. Comme à Venise, les voitures ont cédé leur place aux barques et de nombreux ponts sont créés dans les rues avec des planches de bois en guise de trottoirs.

Des ponts sont installés avec des planches de bois pour permettre aux parisiens de se déplacer - photo Roger Viollet

 

La situation est similaire sur toutes les communes bordant la Seine qui se retrouvent sous les eaux durant plusieurs semaines. Une fois le pic de crue atteint à la fin du mois de janvier 1910, il faudra attendre 35 jours pour que la situation revienne à la normale. La Seine ne retrouvera un niveau habituel qu'aux alentours du 8 mars.

On estime que cette crue a généré des dégâts à hauteur d'1,6 milliard d'euros. Elle a nécessitera d'importants travaux de rénovation, pour les bâtiments comme pour le métro parisien.

Retrouvez plus d'informations sur cet évènement dans notre chronique >> 

 

Une telle crue serait-elle encore possible ?

De tels cumuls de précipitations sur une période aussi durable sont peu fréquents mais le risque que des quantités de précipitations similaires soient de nouveau observés de nos jours n'est pas à écarter. Pourtant, une telle crue aurait bien moins de chance de se produire sur ces régions mais également sur la capitale.

Suite à la crue de 1910, de nombreux travaux ayant pour objectif de renforcer la prévention du risque d'inondation en Île-de-France ont été effectués par les collectivités. Par exemple, quatre lacs-réservoirs ont été construits et mis en service entre 1950 et 1990 dans la vallée de l'Yonne et en dérivation des rivières Seine, Marne et Aube, disposant d'un stock maximal d'environ 810 millions de m3 d'eau et permettant d'influencer le débit de la Seine jusqu'au barrage-écluse de Pose dans l'Eure.

Cartographie des lacs-réservoirs dans le bassin de la Seine – atlas-paris-mega-region.univ-rouen.fr

 

Néanmoins, pour un débit de la Seine supérieur à 2100m3, soit à partir du seuil de 7,30m, les ouvrage existants ne permettraient pas de maintenir les niveaux d’eau sous le seuil de surverse par-dessus les murettes situées dans le Val de Marne, les Hauts de Seine et la Seine-Saint-Denis. Seule Paris serait à ce seuil épargnée des débordements de Seine, puisque la partie supérieure des quais intra-muros est à la hauteur de la crue de janvier 1910, soit 8,62 m (2 400 m³/s).

 

D'autres lacs-réservoirs sont également en projet de construction sur le bassin versant de la Seine, comme celui de la Bassée à environ 100km  de Paris en Seine-et-Marne, qui pourra accueillir environ 55millions de m3 d'eau pompés depuis la Seine.

Le projet de la Bassée – Le Parisien

 

Un parallèle de ces lacs-réservoirs, d'autres structures ont également été construites pour permettre une meilleure gestion des crues lors d'importantes épisodes pluvieux sur le bassin versant de la Seine, comme des barrages, des digues et des murettes anti-crues qui ont été édifiées de façon discontinue le long des différents cours d'eau du secteur.

 

Ces murettes anti-crues protègent de nombreux secteurs de l'Île-de-France et Paris, toutefois, leur protection dépendra de l'intensité des crues en fonction des régions. Par exmple, la grande couronne est protégée des crues fréquentes (période de retour de 10 ans), une grande partie de la petite couronne des crues plus importantes (période de retour de 30 ans) alors que seul Paris intra-muros est protégé des crues centennales. C'est en partie pour cela que les secteurs du Sud du Val de Marne, du Nord-Ouest des Hauts et Seine et des secteurs de grande couronne comme l'Essonne et la Seine-et-Marne avaient été les plus inondés lors de la crue de la Seine en mai/-juin 2016 alors que le niveau du fleuve n'a pas dépassé 6,10m à Paris.

La Seine en crue à Paris le 4 juin 2016 – Météo-Villes

 

Ainsi, le risque qu'une crue centennale similaire à celle observée en 1910 le long de la Seine est aujourd'hui bien plus faible. Toutefois, il est important de noter que celui-ci n'est pas inexistant, des épisodes pluvieux exceptionnels similaires pouvant concerner la région dans un futur plus ou moins proche, notamment durant la saison froide.

 

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