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Bilan météo et climatique d'octobre 2022 : le plus chaud jamais mesuré en France et une poursuite de la sécheresse

jeudi 3 novembre 2022

Comme à chaque début de mois, nous vous proposons un bilan climatologique du mois écoulé. Place donc au bilan cartographié du mois d'OCTOBRE 2022 en termes de température, pluviométrie et ensoleillement sur un panel de 73 stations*.

Les statistiques sont calculées sous la nouvelle moyenne climatique officielle de la période 1991-2020, en lieu et place de l'ancienne période utilisée jusqu'au mois de mai (1981-2010).

 

Nous l'évoquions il y a quelques jours (notre article >>), et ce n'est désormais plus du tout une surprise : ce mois d'octobre 2022 est historique ! En effet, avec un indicateur thermique national de 17.2°C, représentant une anomalie de +3.49°C par apport à la période 1991-2020, il s'agit du mois d'octobre le plus chaud jamais mesuré en France (plus d'un siècle de données, série statistique remontant à 1900) ! L'écart est même important avec l'ancien record, qui remontait à octobre 2001 (indicateur de 16.4°C, soit une anomalie de +2.7°C). Octobre 2006 (+2.5°C) complète le podium.

 

Une telle anomalie mensuelle est extrêmement rare. Malgré les canicules de cet été, les mois de juin, juillet et août n'ont pas dépassé les +3°C d'anomalie. En effet, seuls trois mois ont déjà vu une anomalie thermique supérieure en plus d'un siècle de mesures : février 1990 (+3.99°C), août 2003 (+3.72°C) et juin 2003 (+3.52°C). Oui, l'anomalie de ce mois d'octobre est donc très proche de ceux observés durant l'historique été 2003 !


Anomalie thermique mensuelle en France en octobre depuis 1900 - écart à la moyenne 1991-2020  - Météo-France

 

La première moitié du mois a été douce mais sans grandes envolées de températures. Du 1er au 15 octobre, l'anomalie n'était "que" de +1.0°C par rapport à la moyenne 1991-2020. Tout s'est enrayé au cours de la seconde moitié du mois avec le retour de la chaleur, et même des fortes chaleurs estivales dans la moitié Sud !

 

Du 16 au 31 octobre, l'excédent thermique a affiché +5.6°C à l'échelle nationale (indicateur thermique de 18.3°C). Un évènement climatique hors-norme, explosant l'ancien record de la 2e partie d'octobre 2005 (indicateur de 14.8°C, soit 2.9°C de moins). Le 28 octobre, l'indicateur national affichait 19.5°C (+7.3°C d'anomalie), soit une journée typique... du solstice d'été !!

 

Les stations au pied des Pyrénées ou encore Corses ont dépassé les 30°C à plusieurs reprises, avec un pic de 33.3°C à Lomné (Hautes-Pyrénées) le 29 octobre, à seulement trois jours de novembre. Du jamais vu aussi tard dans la saison (à titre de comparaison, le record national de chaleur en France en novembre est de 31.4°C à Solenzara).

 

Plusieurs villes dans le Sud-Est ont par ailleurs battu leur record du nombre de jour de chaleur (>25°C) pour un mois d'octobre : 22 jours à Aix-en-Provence (record de 13 jours en 2004) 21 jours à Salon-de-Provence (record de 13 jours en 2004) 18 jours à Istres (record de 14 jours en 1921), au Luc (record de 13 jours en 2004), ou encore 15 jours à Perpignan (record de 13 jours en 1942 et 2014).


Température moyenne quotidienne en octobre 2022 en France - écart à la moyenne 1991-2020 - Météo-France

 

Faisons désormais un zoom plus régional. Témoin de ce mois historique, excepté la Corse (+1.5°C à Bastia et +1.9°C à Ajaccio), aucune autre station de notre panel n'a observé d'anomalie thermique inférieure à 2°C pour ce mois d'octobre. Une anomalie qui fluctue entre +2°C et +3°C le long des côtes de la Manche d'une part (+2.0°C à Lorient, +2.1°C à Cherbourg, +2.2°C à Brest, +2.5°C au Touquet), et du côté de la Provence et Côte d'Azur d'autre part (+2.1°C à Nice et Hyères).

 

Sur une ligne s'étendant des Pyrénées à l'Alsace, en passant par le Massif-Central, ce mois démontre tout son caractère exceptionnel avec une anomalie dépassant de manière quasi-généralisée les +4°C. Fait extrêmement rare avec de telles anomalies, certaines villes ont vécu un mois d'octobre 2022 plus chaud que septembre qui était pourtant au dessus des moyennes (0.4°C de plus à St-Etienne, 0.7°C de plus à Vichy, 0.8°C de plus à Biarritz, 1.2°C de plus à Clermont-Ferrand...). Les plus fortes anomalies sont à mettre à l'actif de Saint-Etienne (+4.5°C), Toulouse (+4.6°C), Brive-la-Gaillarde (+4.6°C), et surtout un très impressionnant +5.2°C à Clermont-Ferrand pour le record du panel !

 

 

Alors que le mois de septembre semblait avoir marqué l'arrêt de la progression de la sécheresse (excédent de +19% >>), octobre est malheureusement reparti sur de mauvaises bases. En effet, les pluies se sont montrées de nouveau assez faibles avec un déficit pluviométrique mensuel de -35% sur notre panel de stations. En 2022, il s'agit du 8e mois sur les 10 écoulés avec un déficit en termes de pluie sur notre pays.

 

En cette période de l'année, le courant océanique à l'habitude de prendre le dessus avec une succession de perturbations pluvieuses bénéfiques. Une situation qui ne s'est pas produite et qui a bien davantage ressemblé à un mois purement estival. En effet, les pluies se sont principalement manifestées sous forme d'orages, parfois extrêmement virulents pour la période de l'année. Notons par exemple la dégradation orageuse très inhabituelle autour de la journée du 23 octobre, accompagnée d'une importante activité foudre (25.000 éclairs en une journée), de grêlons de plusieurs centimètres de diamètre.... mais surtout de tornades ! L'une d'entre-elles, d'intensité EF3 (sur une échelle de 5) confirmée sur près de 150km à travers les Hauts-de-France (un record de distance en Europe), a notamment ravagé le village de Bihucourt. Il s'agit de la plus forte tornade observée en France depuis 2013 (>>).

 

Des précipitations bien trop hétérogènes et limitées dans le temps pour combler le déficit accumulé ces derniers mois. Face à une telle situation, la sécheresse reste omniprésente sur la plupart des régions, avec un état de crise persistant sur une bonne moitié Sud et Ouest de la France (voir notre article dédiée sur la sécheresse en cours >>).


Anomalie pluviométrique mensuelle en France en octobre depuis 1959 - écart à la moyenne 1991-2020  - Météo-France
 

 

Bilan : seules les régions du Centre au Nord-Est, la vallée du Rhône et le Nord des Alpes sont parvenu à dépasser leur moyenne mensuelle pluviométrique. Des pluies, souvent orageuses, ayant permis d'atteindre un excédent notable sur l'Est de l'Ile-de-France et en région Grand-Est (+29% à Strasbourg, +33% à Melun, +38% à Saint-Dizier et +42% à Metz pour le maximum de notre panel). Le bilan de Montélimar (+34%) fait figure d'exception dans la moitié Sud, les 2/3 des précipitations étant tombées sur cette ville sous orage durant la nuit du 31 octobre au 1er novembre.

 

Car en effet, si le quart Nord-Ouest subit un important déficit (entre -30 et -50% en moyenne, -46% à Paris et jusqu'à -68% à Caen), c'est bel et bien la moitié Sud qui a souffert d'un mois d'octobre particulièrement aride. Des pluies quasi-absentes au sud d'une ligne Bordeaux-Lyon avec un déficit moyen entre -70 et -90% au cours du mois ! Les régions Corse et Occitanie n'ont quasiment pas eu de pluie avec un déficit de -89% à Tarbes, -92% à Carcassonne, -94% à Ajaccio, -95% à Bastia, et même -98% à Montpellier !

 

Traduisons ces déficits pluviométriques en termes de cumul total. Sur le Sud de l’Aquitaine, en Occitanie, Auvergne, Provence et Corse, ces cumuls ont été particulièrement faibles, souvent inférieurs à 20mm. Des pluies parfois même anecdotiques avec seulement 8.0mm à Agen, 6.6mm à Mont-de-Marsan, 6.0mm à Bastia, 5.2mm à Carcassonne, 5mm à Ajaccio et un minimum de 2.2mm à Montpellier. Deux exceptions sont à noter sur ces villes du Sud : un orage ayant concerné les alentours de Nice en fin de nuit du 9 octobre octobre (84mm en trois heures, sur les 110mm relevés ce mois-ci), où encore la dégradation orageuse de la nuit du 31 octobre au 1er novembre en Cévennes et vallée du Rhône (178mm à Montélimar en octobre, dont 115mm tombés en réalité durant les toutes dernières heures du mois).

 

Des Pays-de-la-Loire à la Picardie, ces pluies ont été également bien faiblardes par rapport à un mois d'octobre "normal" , insuffisantes en ce mois de recharge habituelle des nappes phréatiques (49mm à Paris, 41mm à Rouen, 38mm à Angers, 35mm à St-Quentin, 33mm au Mans et 25mm pour Caen).

 

Quelques villes s'en sortent toutefois bien mieux. D’une part entre Bretagne et Côtes de la Manche (82mm à Calais, 118mm à Brest, 126mm à Cherbourg), et d’autre part les villes du Centre-Est et de l'Est sous les pluies orageuses autour du week-end du 23 octobre (87mm à Bourg-Saint-Maurice, 92mm à Metz, 97mm à Luxeuil, 101mm à Grenoble-St-Geoirs, 104mm à Saint-Dizier).

 

Si octobre a été chaud et globalement sec, le bilan en termes d’ensoleillement se veut plus contrasté. A l’échelle nationale, nous notons un léger excédent de +8% sur l’ensemble du panel de stations.

 

Un excédent principalement porté par un très fort ensoleillement sur les régions de l’Est et surtout du Nord-Est du pays, atteignant +20 à +35% par rapport à la moyenne. C’est en effet aux abords de la Franche-Comté ainsi que du Grand-Est où l’on note les excédents les plus importants : jusqu’à +32% à Luxeuil, +34% à Charleville-Mézières et Strasbourg, et même +36% pour Nancy. L’Île-de-France n’est pas en reste, avec +22% pour Paris et +25% à Melun.

 

A l’inverse, ce mois a été un peu plus gris que d’habitude sur l’arc Atlantique. Ceci s’explique par ce récurrent flux de Sud ayant d’une part apporté un épais voile sur l’Aquitaine durant la 2e décade (causée en grande partie par une remontée de sable Saharien) : le bilan est donc de -17% pour Bordeaux et même -19% à Biarritz. La Bretagne a également vécu un mois bien nébuleux (-13% à Lorient, -16% à Brest), en raison de la proximité du système dépressionnaire sur l’Atlantique (système responsable de la bouffée de chaleur de la fin de mois). Autre secteur assez gris, il s’agit du Languedoc et du Roussillon, là également à la suite du flux de Sud occasionnant de nombreuses entrées maritimes : le déficit atteint -18% à Nîmes, et -19% pour Montpellier et Perpignan.

 

En nombre d’heures cumulées d’insolation, le contraste Ouest-Est se montre plus évident. En effet, les villes situées à l’Ouest d’une ligne s’étendant du Béarn aux Ardennes n’ont pas dépassé les 140 heures de soleil au cours du mois. Toutes les villes bordant l’Atlantique ainsi que la Normandie fluctuent entre 110 et 120 heures en moyennes. Une seule station n’a d’ailleurs pas franchi la barre des 100 heures pour octobre : il s’agit de Brest (91h).

 

A contrario, vous avez pu bénéficier de davantage de soleil si vous vous rapprochez du quart Sud-Est. Exception faite du Languedoc-Roussillon sous les nuages bas (140h à Nîmes, 142h à Perpignan et Montpellier), le soleil a brillé de 150 à 170h de Midi-Pyrénées aux Alpes, et même plus de 200 heures sur la Provence, la Côte d’Azur et la Corse. Le maximum sur notre panel est à mettre à l’actif de Ajaccio avec 260 heures cumulés. Pour l’Ile-de-France, le bilan est de 145h à Paris et 149h pour la station de Melun.

 

Récapitulatif : 

 

PANEL DE 73 STATIONS

Température – pluviométrie – ensoleillement :
Agen, Ajaccio, Albi, Alençon, Angers, Aurillac, Bastia, Beauvais, Bergerac, Besançon, Biarritz, Bordeaux, Bourg-Saint-Maurice, Bourges, Brest, Brive, Caen, Carcassonne, Charleville-Mézières, Chartres, Châteauroux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Cognac, Colmar, Dijon, Embrun, La-Roche-sur-Yon, Langres, Le Mans, Le-Puy-en-Velay, Le Touquet, Limoges, Lorient, Luxeuil, Lyon-Bron, Mâcon, Marseille-Marignane, Melun, Millau, Mont-de-Marsan, Montélimar, Montpellier, Nancy-Essey, Nantes, Nevers, Nice, Nîmes-Courbessac, Niort, Orléans, Paris-Montsouris, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Etienne, Saint-Dizier, Saint-Auban, Saint-Geoirs (Grenoble), Saint-Girons, Saint-Quentin, Strasbourg, Rouen, Tarbes, Toulouse-Blagnac, Tours, Troyes.

 

Température – pluviométrie (absence partielle ou totale de données d’ensoleillement) :
Abbeville, Lille, Metz, Hyères, Romorantin.

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