Des dizaines de millions d'impacts de foudre frappent le sol terrestre chaque année. Les superbolts représentent une très faible partie d'entre-eux. Qu'est-ce que cet éclair surpuissant ?

Superbolt : un éclair rare et surpuissant

Avant de définir ce qu'est un "superbolt", il est important de préciser que tous les impacts de foudre n'ont pas la même puissance. Celle-ci dépend de nombreux facteurs tels que la quantité de cristaux de glace contenus dans le nuage ou encore le taux d'humidité dans l'air. En moyenne, la puissance d'un éclair reliant le nuage au sol (impact de foudre) est de 30.000 ampères. La puissance des impacts varie surtout sur une plage allant de 10.000 à 50.000 ampères.

Photographie d'un impact de foudre d'intensité classique - via Pixabay

Comme son nom le laisse entendre, le "superbolt" est un impact de foudre bien plus puissant que les autres. Sa puissance peut atteindre 150.000 à 300.000 ampères, soit jusqu'à 10 fois plus qu'un impact de foudre traditionnel ! Contrairement aux coups de foudre classiques, le superbolt est souvent rectiligne, frappant du nuage vers le sol par le tracé le plus court. Il prend généralement naissance au sommet du cumulonimbus. Devant parcourir une longue distance pour frapper le sol, sa puissance est donc décuplée. De plus, le superbolt se différencie des autres éclairs par très peu de ramifications. Toute l'énergie est donc concentrée au même endroit, rendant l'impact de foudre plus large et bien plus intense.

Superbolt photographié depuis Suhescun (64) le 13 juin 2022 - photo Bertran Bucheli, www.pyrenees-orages.fr

Cet éclair est très rare, si bien que les impacts de foudre un peu plus puissants que la norme sont parfois considérés à tort comme des superbolts. Une étude américaine s'étalant sur la période 2010-2018 a détecté 8.000 superbolts sur un échantillon de 2 milliards d'éclairs. Cela signifie que seul 1 éclair sur 250.000 est un superbolt !

Superbolt : saisonnalité et localisation surprenantes

Alors que l'on pourrait penser que le superbolt s'observe surtout l'été au moment où l'activité orageuse est la plus forte, la réalité est toute autre ! Les superbolts s'observent surtout lors de la saison hivernale, entre novembre et février. En effet, l'air chaud de l'été contient plus d'humidité et favorise de nombreux éclairs. À l'inverse, l'air plus froid de l'hiver permet des taux d'humidité moins importants dans l'air, ce qui permet à l'énergie de s'accumuler plus longuement avant que la décharge de foudre ne s'initie. Les orages de masses d'air froid sont donc bien plus propices aux superbolts, raison pour laquelle les trois quarts surviennent de novembre à février.

Répartition des superbolts selon les mois de l'année - étude R.H. Holzworth

Comme pour leur saisonnalité, la localisation des superbolts a également de quoi surprendre. En effet, les régions équatoriales - qui sont les plus orageuses dans le monde - sont finalement peu touchées par le phénomène. La carte ci-dessous montre les superbolts enregistrés entre 2010 et 2018. Les points bleus représentent des impacts à plus d'un million de joules et les rouges à plus de deux millions. On constate que c'est au dessus des eaux des latitudes tempérées que l'on rencontre le plus de superbolts notamment autour du continent européen, qui s'avère être l'épicentre dans le monde !

Localisation des superbolts (+ de 1 million de joules) dans le monde entre 2010 et 2018 - étude R.H. Holzworth

En zoomant sur l'Europe, on constate que les eaux bordant notre continent sont propices aux superbolts mais que ces derniers sont rares dans les terres. Non seulement les orages d'hiver sont plus fréquents au dessus de la mer, mais les auteurs de l'étude évoquent aussi le fait que l'eau de mer est un excellent conducteur électrique et favorise le phénomène. Dans tous les cas, la carte ci-dessous montre que les côtes de la Manche sont l'une des zones les plus touchées au monde par les superbolts !

Localisation des superbolts (+ de 2 millions de joules) en Europe entre 2010 et 2018 - étude R.H. Holzworth

La carte ci-dessous répertorie les superbolts de 2010 à 2018 autour de la France. La taille des cercles correspond à leur intensité (1 million de joules pour les plus petits). Ce visuel confirme que les cotes de la Manche sont les plus touchés. Sur cette période de 9 ans sur laquelle s'est basée l'étude, les deux plus puissants superbolts sont survenus le 27 janvier 2014 avec un impact d'une intensité de 15,6 millions de joule au large des Côtes-d'Armor et un impact d'une intensité de 16,8 millions de joule vers Berck dans le Pas-de-Calais ! Cette nuit d'hiver, des orages d'air froid circulaient en Manche en produisant des giboulées.

Superbolts (+ de 1 million de joules) autour de la France entre 2010 et 2018 - carte Tableau Public via UW News