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Comment expliquer le raté des tendances saisonnières pour l'été 2021 en France ?

jeudi 12 août 2021

Si cette semaine se montre chaude, les anomalies fraîches et humides ont largement dominé les débats depuis la fin du mois de juin, déjouant les pronostics d'un été sec et chaud. Comment expliquer ce raté des tendances saisonnières ?

 

Comment est véritablement l'été 2021 ?

 

De la fraîcheur ? Oui et non...

 

Anomalies thermiques en France du 1er juin au 11 août 2021 - via infoclimat.fr

 

Dans les faits, la saison météorologique estivale - qui débute le 1er août - est à ce jour plus chaude que la normale d'environ 0,5°C en France. On ne peut donc pas dire que cet été 2021 est frais. Il convient toutefois d'apporter des nuances très importantes. En effet, les plus grosses anomalies chaudes ont été observées au cours des deux premières décades du mois de juin, à une saison où l'immense majorité de la population n'est pas encore en vacances...

 

Si l'on ne tient pas compte des deux premières décades du mois de juin 2021 et que l'on calcule l'anomalie provisoire de l'été calendaire sur la période allant du 21 juin au 11 août 2021, la température moyenne en France tombe à 20,07°C, soit une valeur environ 0,6°C inférieure aux normales. Cela fait toute la différence. On peut donc bel et bien dire que le temps est plus frais que la normale sur la période des vacances scolaires.

 

 

Surtout beaucoup de pluie...

 

Carte des cumuls de précipitations au mois de juillet 2021 en France - via Météo France

 

Plus que les températures, l'impression d'été pourri qu'ont certains vient notamment des précipitations. Il faut avouer qu'à l'exception des régions méditerranéennes, il a plu nettement plus que la normale durant les mois de juin et de juillet 2021. À échelle nationale, les excédents pluviométriques furent de +56% au mois de juin 2021 et de +39% au mois de juillet 2021. Avec ces fréquentes pluies, les taux d'ensoleillement furent déficitaires presque partout en juillet.

 

Depuis le début des vacances scolaires, les épisodes pluvieux ont été fréquents et parfois copieux, associés à des orages parfois violents. L'est de la France a particulièrement été arrosé. Des cumuls mensuels supérieurs à 300 mm ont localement été enregistrés dans le Jura et en Haute-Savoie. À Lyon, c'est le record de pluie pour un mois de juillet qui a été battu avec 177,1 mm en juillet 2021.

 

Crue à Longuyon en Lorraine à la mi-juillet 2021 - via Info Trafic Lorraine et Frontières

 

Cette pluviométrie importante observée durant les mois de juin et de juillet 2021 peut donner une impression d'été pourri, d'autant que les crues très inhabituelles qui ont touché plusieurs régions du nord et de l'est de la France à mi-juillet ont marqué les esprits, en pleine période de vacances scolaires. Chez nos voisins belges et allemands, ces inondations dramatiques avaient causé la mort de plus de 200 personnes...

 

 

Pourquoi ce raté dans les tendances saisonnières ?

 

Anomalie de géopotentiel du 1er juin au 7 août 2021 - via NCEP / NOAA

 

Il est vrai qu'à la fin du printemps dernier, les tendances pour l'été 2021 tablaient sur une saison estivale plus chaude et plus sèche que la normale. On ne peut pas dire que l'anomalie chaude soit significative. Quant à la sécheresse, elle n'est présente qu'aux abords de la Méditerranée et le restant du territoire français vit un été jusqu'alors très arrosé... On peut parler d'un véritable raté.

 

Pour comprendre cette erreur notable des tendances saisonnières, il faut se pencher sur la position du blocage qui a dominé une bonne partie de l'été. En effet, un blocage anticyclonique s'est positionné entre la Scandinavie et l'ouest de la Russie où l'anomalie de géopotentiel (en orange/rouge ci-dessus) sur plus de 2 mois est remarquable ! La France s'est retrouvée au sud-ouest de ce blocage, sous l'influence des dépressions océaniques.

 

Comparaison entre la position du blocage au printemps dernier et la réalité - Météo Villes

 

Si les tendances saisonnières avaient bien mis en évidence la mise en place de ce blocage anticyclonique au printemps dernier, ce dernier s'est finalement positionné un peu plus à l'est qu'initialement envisagé. Si cela n'a pas changé grand chose pour le nord et l'est du continent, ce décalage entre la prévision et la réalité a véritablement tout changé pour l'ouest de l'Europe, dont la France.

 

En effet, alors que nous aurions dû être influencés par ce blocage anticyclonique advectant de l'air chaud vers la France (schéma de gauche), nous nous sommes retrouvés trop éloignés de ce dernier. Dans l'incapacité de rejoindre la Mer Baltique et la Scandinavie protégées par les hautes pressions, les anomalies dépressionnaires ont donc glissé au sud du blocage anticyclonique, atterrissant directement sur la France (schéma de droite). C'est ainsi que 6 gouttes froides (petites dépressions associées à de l'air froid en altitude) ont touché la France durant les mois de juin et juillet 2021 - une récurrence remarquable responsable du temps agité !

 

Anomalies thermiques en Europe au cours du mois de juillet 2021 - via Météo France

 

Pour les amateurs de soleil et de chaleur, la France s'est donc retrouvée au pire endroit possible sur le continent européen, sous l'influence océanique dépressionnaire apportant avec elle sont lot d'humidité et de fraîcheur. Pendant ce temps, une bonne partie de l'Europe enregistrait des anomalies chaudes, très marquées des Balkans jusqu'à la Scandinavie où certains pays ont battu des records ! Entre la relative fraîcheur française et les chaleurs caniculaires de l'Europe de l'est, étions-nous vraiment du mauvais côté ?... Tout est une question de point de vue.

 

 

En bonus : le rôle de la presse

 

Comparaison entre la "Une" du Parisien et la tendance saisonnière de Météo France au printemps dernier

 

Pour les vacanciers, cet été humide est mal vécu. Cette déception est accentuée par le fait qu'au printemps dernier, plusieurs grands médias avaient titré sur des prévisions d'un été 2021 "très chaud" ! Le souci étant que la réalité était un peu différente. Dans les faits, Météo France avait annoncé un scénario plus chaud que la normale ayant 50% de chance de se produire sur les 3/4 de la France et n'avait privilégié aucun scénario entre la Bretagne et les Hauts-de-France.

 

Il n'était pas spécialement question d'un été "très chaud", les superlatifs ayant été rajoutés par la presse afin de créer des titres plus vendeurs. De plus, les températures depuis le début de l'été ne sont pas inférieures aux normales comme nous l'avons vu plus haut. En revanche, il faut admettre que les tendances se sont totalement trompées quant à la pluviométrie.

 

Il est toujours bon de rappeler que les tendances saisonnières restent des modélisations expérimentales et qu'elles ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Nous vous déconseillons fortement de programmer vos vacances en fonction de ces projections à plusieurs mois.

IMPORTANT : Nos tendances sont cependant régulièrement ajustées (parfois plusieurs fois par mois). Nous faisons une synthèse des nouvelles options ici >>> TENDANCE ET PRÉVISIONS MÉTÉO SAISONNIÈRES (fin d'été 2021 et automne 2021)

 

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