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Blocages anticycloniques à répétition : pourquoi personne n'en parle ?

mercredi 18 mai 2022

Anomalie de géopotentiels dans le monde de septembre à avril 2022 - via climatereanalyzer.org

 

 

Vagues de chaleur de plus en plus précoces, blocages anticycloniques à n'en plus finir, sécheresses aux lourdes conséquences... Un emballement climatique semble en cours. Pourquoi presque personne n'en parle ?

 

 

Un changement climatique qui s'accélère ?

 

Nous en parlions sur Météo Villes la semaine dernière. On assiste depuis 2015 à une étonnante remontée des cellules anticycloniques subtropicales. Ces 7 dernières années, on constate une anomalie de hautes pressions au nord de la ceinture anticyclonique habituelle dans l'hémisphère nord et au sud de celle-ci dans l'hémisphère sud, tendant à prouver que les anticyclones subtropicaux remontent en latitude. L'animation ci-dessous montre l'accélération nette de cette tendance à partir de l'année 2015. Lisez notre article dédié à la remontée des cellules anticycloniques >>>

 

Anomalies annuelles de géopotentiels (normale 1970-2000) entre 1970 et 2021 - via ClimateReanalyzer

 

 

 

Il est intéressant de noter que cette remontée en latitude des ceintures anticycloniques subtropicales des deux hémisphères coïncide avec une accélération du réchauffement des températures mondiales. À échelle de la planète, on note une réelle accélération du réchauffement depuis l'année 2015. D'ailleurs, les 6 dernières années sont tout simplement les 6 plus chaudes jamais enregistrées dans le monde. Cela suivrait une forme de logique : plus il y a d'air chaud sur Terre et plus les zones subtropicales remontent en latitude.

 

Anomalies thermiques (normale 1979-2000) dans le monde de 1948 à 2021 - via ClimateReanalyzer

 

 

 

En France, cette remontée en latitude de la ceinture anticyclonique accentue l'effet de l'anticyclone des Açores sur notre climat. Elle favorise aussi la propagation des hautes pressions aux latitudes élevées, conduisant à la multiplication des situations de blocage. Cette observation est criante depuis la fin de l'été dernier où la pluie manque cruellement sur l'hexagone. D'août 2021 à avril 2022, 8 mois sur 9 ont enregistré des déficits pluviométriques, excédant les 30% de déficit sur 5 mois ! On peut ajouter à cette liste le mois de mai 2022 qui sera sans nul doute l'un des plus secs observés en France... La sécheresse devient un problème récurrent, y compris dans l'ouest et le nord du pays.

 

Anomalies pluviométriques mensuelles en France d'août 2021 à avril 2022 - via Météo France

 

 

 

On constate aussi une très nette augmentation des températures en France depuis plusieurs années. Le mois prochain, Météo France mettra à jour les normales de saison en abandonnant la période de référence 1981-2010 au profit de la période 1991-2020. Il est intéressant de noter que la décennie 1991-2000 fut 0,09°C au dessus de la normale 1981-2010 tandis que la décennie 2001-2010 fut 0,28°C au dessus. En revanche, l'anomalie s'est envolée à 0,88°C sur la période 2011-2020, preuve d'une nette augmentation des températures sur la dernière décennie !

 

Écart thermique à la normale 1981-2010 en France par décennie depuis 1901 - via Météo France

 

 

 

 

Pourquoi (presque) personne n'en parle ?

 

D'autres sujets d'actualité

 

Depuis plusieurs semaines, le sujet principal qui fait la une dans tous les médias est la guerre en Ukraine. Même s'il est logique que ce conflit sanglant occupe l'espace médiatique, il tend à invisibiliser les autres sujets comme les chaleurs excessives et la sécheresse actuelle. Cela fait maintenant quelques années que des sujets anxiogènes ont le quasi-monopole de l'actualité : crise des gilets jaunes, pandémie du covid-19, guerre en Ukraine etc...

 

La guerre en Ukraine monopolise l'actualité ces dernières semaines - photo Aleksey Filippov / AFP

 

 

 

L'accent sur l'immédiateté

 

Nous vivons à l'ère où l'information va très vite. Pour les médias, la fameuse "breaking news" fait souvent la une de l'actualité. Il faut parler du sujet le plus chaud, de l'information que l'on vient d'apprendre, ou de suivre en temps réel les annonces importantes dans le pays ou les conflits dans le monde. Cette logique place le changement climatique en arrière-plan, car ses effets se constatent sur une échelle de temps bien plus longue et qu'une vague de chaleur - aussi intense soit-elle - n'interpelle pas autant qu'une guerre ou qu'un virus mortel.

 

La course à l'information fait la part belle aux événements les plus récents - image Freepik

 

 

 

Une fausse idée du "beau temps"

 

Il faut dire qu'en France, les évolutions climatiques des dernières années ont apporté un nombre excessif de journées ensoleillées et inhabituellement douces ou chaudes. Or, le "beau temps" n'est pas vraiment vendeur. Face à une actualité anxiogène, le soleil généreux et les chaleurs précoces sont régulièrement traités comme des bonnes nouvelles. D'ailleurs, l'utilisation du terme "beau temps" tend de plus en plus à devenir un abus de langage car les températures anormalement élevées et le manque de pluie génèrent des sécheresses aux conséquences très néfastes. Dans cette logique, évoquer une "amélioration pluvieuse" au lieu d'une "dégradation" prendrait tout son sens.

 

Les épisodes de chaleur sont souvent traités avec une connotation trop positive - photo AFP

 

 

 

Le temps calme n'interpelle pas

 

Dans l'esprit de la population, le changement climatique est trop souvent associé aux catastrophes telles que les cyclones, les violentes tempêtes ou les canicules intenses. Or, la multiplication des journées sèches, ensoleillées et chaudes sont partie intégrante de cette évolution du climat. Pourtant, elles ne génèrent pas d'effet "waouh" et ne font que très rarement la une dans les médias. La sécheresse actuelle commence toutefois à apparaître dans les articles de presse et les journaux télévisés.

 

Le changement climatique est trop souvent associé aux phénomènes violents - photos NASA

 

 

 

Un relais officiel discret

 

Dans notre pays, c'est Météo France qui donne le ton de l'information autour des sujets que sont la météo et le climat. Via sa communication, l'organisme est souvent relayé par l'AFP puis dans les plus gros médias du pays. Si certains prévisionnistes de Météo France communiquent des informations de qualité sur les réseaux sociaux (notamment via Twitter), il faut admettre que la communication via les canaux officiels est relativement faible sur l'augmentation de la fréquence des blocages anticycloniques et la raréfaction des pluies qui en découle.

 

Météo France est le principal "lanceur d'alerte" du pays sur les sujets météo & climat - photo Stéphanie Mora

 

 

 

L'être humain tend à réagir en retard

 

Aux raisons pré-listées, il faut ajouter une fâcheuse habitude humaine : celle de réagir trop tard. La sécheresse actuelle dure depuis l'automne 2021, pourtant nombreux sont ceux à ne pas s'en être rendu compte avant que la terre ne commence à craqueler en ce printemps 2022. Nous ne croyons que ce que nous voyons et tendons à agir lorsqu'il est déjà trop tard. Malgré les enjeux majeurs pour l'avenir des populations terrestres, les plus grandes puissances du monde ne jouent pas le jeu des accords climatiques comme celui de la COP21 en 2015 à Paris. L'objectif était de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5°C au cours du siècle ; un seuil qui a déjà 50% de chance d'être atteint dans les 5 années à venir...

 

Les accords de Paris, signés en 2015, ne sont que peu respectés depuis... - photo MEDDE / SG COP21

 

 

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