12 résultats
Chargement
Nous avons besoin de vous !
Merci pour votre soutien régulier car les prévisions météo, le suivi permanent et les articles quotidiens de ce site sont expertisés par des météorologistes professionnels et passionnés.

Sécheresse : pourquoi les récentes pluies d'orage sont peu bénéfiques ?

mercredi 25 mai 2022

 

Au passage des orages des derniers jours, certaines régions ont connu des précipitations copieuses. Toutefois, les pluies orageuses ne sont pas très efficaces pour enrayer le problème de la sécheresse. Explications.

 

 

Pluies orageuses ces derniers jours : peu bénéfiques ?

 

Les orages des derniers jours - notamment ceux observés durant la soirée du dimanche 22 mai et jusqu'en journée du lundi 23 mai 2022 - ont apporté des précipitations copieuses dans certaines régions. À titre d'exemple, plus de 30 mm sont tombés sur le bassin rennais et des cumuls à plus de 50 mm ont localement été enregistrés dans le sud de la Loire-Atlantique et le nord de la Vendée. Un axe pluvio-orageux s'est également constitué du Poitou jusqu'à la Lorraine (fréquemment 15 à 30 mm). Malgré tout, ces pluies furent très hétérogènes - épargnant certains secteurs - et bien insuffisantes à combler le déficit pluviométrique observé depuis le début du mois.

 

Cumuls de précipitations sur 72h du dimanche 22 au mardi 24 mai 2022 - via infoclimat.fr

 

 

 

Si toute pluie est la bienvenue dans un contexte d'importante sécheresse, il faut toutefois nuancer le bénéfice des pluies d'orage. En effet, plus les intensités pluviométriques sont importantes et moins l'eau pénètre dans les sols. Les précipitations orageuses, fortes et généralement peu durables, ont tendance à ruisseler massivement et une part notable de cette eau termine dans les canalisations. Les orages permettent donc d'humidifier le sol en surface mais l'infiltration en profondeur de l'eau est assez faible. Les bénéfices des orages sur la sécheresse sont donc assez limités.

 

Illustration du ruissellement dans un champ de maïs après un orage - photo Renaud Biondo-Mauget

 

 

 

Les pluies orageuses des derniers jours ont contribué à atténuer quelque peu la sécheresse des sols superficiels (entre 0 et 40 cm de profondeur - carte de gauche) notamment des Pays de la Loire à la Champagne où les précipitations ont parfois été copieuses. Toutefois, on constate que l'amélioration est plus limitée lorsque l'on prend en compte les sols jusqu'à un mètre de profondeur (carte de droite), prouvant la difficulté de l'eau de pluie à s'enfoncer dans le sol. De nombreuses régions sont toujours concernées par une sécheresse notable, toujours d'ordre exceptionnel dans le quart sud-est.

 

Sécheresse des sols au mercredi 25 mai 2022 à une profondeur de 40 cm et d'1 mètre - via windy.com

 

 

 

 

Sécheresse agricole : d'autres problématiques

 

Le problème, c'est que la sécheresse ne date pas d'hier. Depuis l'automne dernier, la pluviométrie est largement déficitaire dans bon nombre de régions françaises, créant un stress hydrique chronique. La carte ci-dessous montre à quel rang des premiers semestres les plus secs depuis 1959 se classe le premier semestre 2022. Pour les Alpes-Maritimes, le Var, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Loire, la Loire et le Rhône, jamais une période du 1er janvier au 23 mai n'avait été aussi sèche ! Dans de nombreux départements du centre et de l'ouest de la France, ce premier semestre de l'année arrive au deuxième, troisième ou quatrième rang des plus secs depuis 1959...

 

Anomalie de la pluviométrie par département du 1er janvier au 23 mai 2022 - via Gaétan Heymes / Météo France

 

 

 

À cause de ce printemps trop sec, de nombreux agriculteurs rencontrent des difficultés et les récentes chaleurs n'ont rien arrangé. Pour certaines cultures comme celles du blé ou de l'orge, les dégâts de la sécheresse sont d'ores et déjà irréversibles. En effet, lorsque les épis de ces céréales jaunissent au printemps sous l'effet du manque d'eau et des températures trop élevées, il n'est plus possible qu'ils reverdissent - même si la météo devient pluvieuse. Par conséquent, une perte de la récolte est déjà actée. L'agro-climatologue Serge Zaka estime une baisse moyenne de production de 10% à 15% en France en 2022.

 

Illustration d'un champ de blé souffrant de la sécheresse - photo Olivier Coret / SIPA

 

 

 

Face à cette sécheresse qui inquiète, les Préfets commencent à passer à l'action. Au 25 mai 2022, 19 départements ont d'ores et déjà pris des arrêtés de restrictions de l'usage de l'eau et 13 autres départements ont activé un état de vigilance. Ces restrictions d'eau réduisent la possibilité d'arrosage des cultures par les agriculteurs. Dans certaines zones de Vendée, de Vienne, du Loiret et des Bouches-du-Rhône, l'état de "crise" a même été décrété, ce qui signifie un arrêt total des prélèvements d'eau à des fins agricoles...

 

Carte des arrêtés limitant l'usage de l'eau au mercredi 25 mai 2022 - via Propluvia

 

 

 

 

Il manque encore beaucoup de pluie

 

Ce ne sont pas les orages des derniers jours qui ont changé la donne sur ces 5 premiers mois de l'année beaucoup trop sec. Sur la période du 1er janvier au 23 mai, l'année 2022 arrive au 3ème rang des plus sèches, juste derrière les années 2011 et 1976. Face à un tel déficit, il faudrait une séquence perturbée assez durable avec un défilé de perturbations pluvieuses sur le pays afin que la situation ne s'améliore réellement, ce qui n'est pas à l'ordre du jour pour le moment.

 

Cumuls de pluie par rapport à la normale du 1er janvier au 23 mai depuis 1959 - via Gaétan Heymes / Météo France

 

 

 

Comme nous l'avons constaté via les cartes plus haut, ce sont les régions d'un large quart sud-est qui subissent la situation la plus critique. Peu touché par les orages des derniers jours, le département de l'Isère a atteint en début de semaine un niveau record de faible humidité des sols pour cette époque de l'année ! Le constat est presque aussi inquiétant sur tous les secteurs s'étendant de la Côte-d'Or à la Provence où la sécheresse des sols est problématique.

 

Indice d'humidité des sols en Isère du 1er avril au 23 mai 2022 - via Météo France

 

 

 

Après la petite instabilité du début de semaine, les pressions remontent déjà sur la France et les précipitations vont se montrer particulièrement discrètes jusqu'au terme du mois de mai 2022. La carte ci-dessous montre les cumuls de pluie modélisés jusqu'au mardi 31 mai avec une quasi-absence de pluie, en dehors de quelques orages vers les Pyrénées, la montagne corse et les Alpes (notamment le sud de la chaîne). Il faut donc s'attendre à une accentuation de la sécheresse dans les prochains jours.

 

Cumuls de pluie prévus par le modèle américain jusqu'au mardi 31 mai 2022 - via wxcharts.com

 

 

Nous avons detecté que
vous utilisez un ADBLOCKER.

Ici les prévisions météo, le suivi permanent et les articles quotidiens sont expertisés par des météorologistes professionnels et passionnés. Merci d’en tenir compte ;)

  • Votre adblock est activé
    Désactiver Adblock
    Soyez bien compréhensifs de désactiver le bloqueur de publicité et, si vous le pouvez, nous faire bénéficier de vos dons.
    Me montrer comment
  • Donation
    S'abonner à Météo-Zen
    Météo-Zen est une offre d'abonnement à 1,99 € par mois sans engagement qui permet entre autres de surfer sans pubs sur les sites et applications mobiles Météo-Villes.
    Découvrir
  • Donation
    Faire une donation
    Merci à tous ceux qui nous ont aidés jusqu’à présent et sans qui ce site aurait dû fermer.
    Faire un don